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Rosa Paola Ruga & sa petite-fille Eva Ruga

Madame Ruga vient de Gozzano (province de Novare). Jeune fille, elle travaillait dans une usine de soie artificielle et elle aimait son métier. Bien que son époux, un jeune homme de son village, ait trouvé un emploi chez Giovanola-Sanitaire à Monthey, elle ne l’a pas suivi tout de suite. Elle s’y est finalement résolue en 1966 pour rassembler sa famille sous un même toit. Maman d’un garçon et d’une fille, grand-maman de cinq petits-enfants, elle s’est parfaitement intégrée à la vie montheysanne, même si elle retourne régulièrement à Orta au volant de sa petite voiture.

 
Eva, la cadette des ses petites-filles, vient de commencer une formation en soins infirmiers à la Source, tout en consacrant son temps libre au basket, sa grande passion.
 
Discussion à bâtons rompus entre grand-mère et petite-fille:
RR = Rosa Paola, grand-maman
ER = Eva, petite-fille

RR  J’ai eu la chance de pouvoir amener mes petits-enfants dans mon village natal chaque été. Ils ont donc pu découvrir ma culture et comment je vivais étant jeune. C’est important pour moi. D’ailleurs, maintenant qu’ils sont grands, ils y retournent volontiers.

RR  Je leur ai montré mon ancienne école. Cela m’a fait un petit pincement au cœur car quand j’ai fini ma scolarité obligatoire, c’est-à-dire à 15 ans, je voulais continuer mes études. Malheureusement mes parents n’avaient pas assez d’argent pour me payer le bus et mes deux frères passaient en priorité. Donc étant la seule fille de la famille, j’ai dû travailler à l’usine à partir de mes 16 ans. Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu faire des études, mais je n’avais pas le choix. Je raconte souvent cette histoire à mes petits-enfants pour qu’ils prennent conscience de la chance qu’ils ont de pouvoir étudier.

ER  Le fait que ma nonna n’ait pas pu aller à l’école comme elle le souhaitait me touche beaucoup. Il y a encore des milliers de personnes dans le monde dans cette même situation. C’est vrai que je me rends compte de la chance que j’ai, et cela m’incite à étudier et à vouloir me former professionnellement pour avoir un métier que j’aime.

RR  Ne pas avoir peur d’être curieux et de découvrir de nouveaux pays, c’est ce que je répète souvent à mes petits-enfants. Il faut prendre les opportunités qui se présentent. Quand je suis arrivée en Suisse, j’étais seule avec mon mari et mes deux enfants en bas âge. Je ne parlais pas le français. Pourtant aujourd’hui, après 53 ans à Monthey, je me sens fière et parfaitement intégrée.

ER  Il n’y a pas forcément des traditions ou des coutumes dans notre famille. Par contre la convivialité est dans nos gènes. En effet, tout prétexte est bon pour se réunir autour d’une table avec des amis ou des proches.

RR  J’ai transmis certains mots en patois italien à mes petits-enfants, comme les formules de politesse. De cette manière, quand ils viennent dans mon village, ils peuvent saluer la famille et mes amis. En Suisse, ils utilisent les mêmes mots pour se saluer «Salve» ou encore «Ciao» etc… Cela me fait plaisir, car j’ai apporté un peu de moi dans leur façon de parler.

ER  Je ne parle pas l’italien. Je le comprends, mais je ne le parle pas. C’est un regret pour moi. Quand je suis en Italie, je me sens un peu à l’écart, car je ne peux pas participer totalement aux conversations. Avec le recul, je regrette qu’on ne m’ait pas parlé plus en italien quand j’étais enfant. Pour rattraper cela, quand je suis avec nonna, je lui demande tout le temps comment je peux dire cette phrase ou ce mot. Je retiens assez facilement et cela m’aide beaucoup.

ER  Ma nonna m’invite souvent à manger chez elle. Quand je suis sur le pas de la porte, elle m’accueille toujours à bras ouverts avec un grand sourire. Elle me prépare un bon petit plat. Cela peut être un risotto comme une quiche. Elle me demande toujours si tout va bien et elle fait attention aux petits détails pour me faire plaisir. J’aimerais transmettre ces valeurs à mes enfants plus tard: être accueillant et partager un bon moment avec les personnes qu’on apprécie.

RR  J’aime convier ma famille ou mes amis pour manger un bon repas. Je cuisine alors les spécialités de ma région, le Piémont. Mes petits-enfants sont fans du « vitello tonnato». Je leur ai donné la recette secrète!

ER  A table, c’est toujours animé. Il y a de longues et bruyantes discussions. Tout le monde prend la parole et donne son avis. Parfois en même temps. L’ambiance reste toujours chaleureuse. Ma nonna a coutume de réunir la famille ou les amis chez elle. Elle m’explique que déjà petite, ses parents le faisaient. Une bonne odeur de cuisine où sa maman préparait à manger arrivait dans le salon où les invités étaient serrés autour d’une table en bois. Aujourd’hui c’est un peu la même chose, sauf que les hommes mettent la main à la pâte!

ER  Le contact facile et mon ouverture sur le monde, je les dois à ma nonna. A 80 ans, avec son expérience de vie et ses nombreux voyages dans le monde, elle est un exemple. Sa curiosité, sa soif de vivre et son énergie me donnent envie d’être comme elle et de vieillir comme elle.

ER  Je suis suisse avec des origines italiennes. Quand on me demande quel pays je préfère, je ne peux pas répondre. Je me sens italienne comme je me sens suisse. J’ai ces deux nationalités ancrées en moi. Ma nonna m’a transmis beaucoup de valeurs de son pays. Comme la générosité, la politesse ou encore la sincérité. C’est sûrement pour cette raison que je me sens chez moi lors de mes voyages en Italie.

RR  Ce que j’aimerais que mes petits-enfants gardent de moi, c’est le souvenir d’une nonna généreuse qui aura fait tout son possible pour les rendre heureux. J’aimerais également qu’ils gardent l’amour qu’ils ont pour l’Italie et mon village.

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