top of page
GENERATION-MIGRATION
Maria de Lourdes Monteiro de Oliveira & sa filleule Jessica de Oliveira
C’est sur la terrasse de sa villa familiale que nous avons rencontré Jessica en compagnie de Maria de Lourdes, sa marraine, aussi proche d’elle qu’une grand-maman.
Maria de Lourdes est originaire du Cap-Vert où elle était enseignante. En 1982, elle est venue rendre visite à l’une de ses tantes qui était gravement malade en France. Puis une cousine lui a proposé un emploi de serveuse en Suisse. Les premiers contacts avec l’Europe lui ayant plu, elle a décidé d’accepter. C’est là qu’elle a rencontré un autre ressortissant capverdien qui est devenu son mari et elle s’est installée définitivement chez nous en 1983. Maman de quatre enfants, grand-maman de sept petits-enfants, elle est très active, soit comme choriste lors des offices religieux à Montreux, soit comme bénévole chaque fois qu’elle peut se rendre utile.
« Ici c’est très bien», dit-elle, après toutes ces années passées en Suisse. Un regret cependant: «Ce qui me manque, c’est d’entendre les gens s’appeler d’un côté à l’autre de la rue pour se donner des nouvelles, comme ça se fait chez nous. »
Maria de Lourdes a de la peine à estimer ce que sa petite-fille de cœur a tiré de leur complicité: «C’est difficile de dire ce que je lui ai appris. Elle n’était pas toujours attentive, mais un jour ou l’autre elle faisait quelque chose que je lui avais enseigné et alors je pensais : Ah! Mais elle a appris ça! Et ça me faisait plaisir. »
Pour Maria de Lourdes, l’essentiel reste l’éducation: «Ce qui compte, c’est que Jessica soit toujours polie et respectueuse. Mais je crois qu’elle l’est naturellement » ajoutet-elle avec un brin de malice.
C’est surtout par immersion que Maria de Lourdes a transmis des éléments de sa culture à Jessica, comme le créole et le portugais, les langues officielles du Cap-Vert: « Je lui parle toujours en créole, elle comprend, mais elle me répond chaque fois en français. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai commencé à lui parler de temps en temps en français et finalement j’ai appris le français. Tout ce que j’ai appris, c’est avec les petits-enfants. »
Et il y a aussi les recettes rapportées du pays, comme le cachupa ou les pastels. D’ailleurs Jessica n’a jamais savouré d’aussi bons gâteaux que ceux de sa marraine.
Maria de Lourdes n’a pas trahi son amour pour le Cap-Vert où vivent parents et amis. Elle y retourne tous les étés pour un mois. Son vœu le plus cher: «Que Jessica n’oublie pas notre pays et que chaque fois qu’elle peut y aller, elle y aille! »
Un vœu que Jessica n’aura pas de peine à exaucer, si l’on se fie à ses mots : «Depuis toute petite déjà, mon avenir je le vois au Cap-Vert. Je fais mes études dans l’optique de pouvoir apporter quelque chose au Cap-Vert. Pour moi, la culture et les traditions sont très importantes. Elles permettent de savoir d’où l’on vient, d’orienter son avenir et parfois même de comprendre les événements qui font la une de l’actualité. Avec l’immigration, de génération en génération, on perd une partie de sa culture d’origine. Je n’ai pas envie que mes futurs enfants ne sachent pas d’où ils viennent. »
Ma mamie
J’aurais pu naître dans une autre famille
Une famille venant de Bulgarie
Mais la mienne vient des îles du Cap-Vert
Un archipel où les grands-mères sont des mères
Et la mienne ? C’est également ma marraine
Par elle, j’ai appris à prier le Rosaire
L’histoire des héros des îles du Cap-Vert
Mais aussi les valeurs qui cadrent son univers
Simplicité, piété, créativité, charité
Font partie de l’héritage qu’elle m’a donné
Ajoutez à ça une douce sérénité
Et une impressionnante dépendance au café
Ses bons gâteaux me sont toujours dédiés
Toutes ses recettes souvent imitées
Mais bien évidemment, jamais égalées !
Elles ont fait de mon enfance un fleuve sucré
Oui, j’aurais pu naître dans une autre famille
Une famille où l’on ne parle pas de Marie
Ni de Bernadette Soubirous et Sœur Lucie
Une famille, sans ma merveilleuse mamie…
Jessica
bottom of page