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GENERATION-MIGRATION
Sigrun Küpper & son petit-fils Romain Fontaine
Sigrun, un prénom qui évoque les légendes nordiques et convient particulièrement bien à une dame née à Magdebourg dans le Nord de l’Allemagne. Madame Küpper était trop jeune pour comprendre ce qui se déroulait alors dans son pays : guerre, nazisme, fuite de la famille vers l’Ouest, séjour dans un camp de la Croix rouge, pays dévasté et lente reconstruction. Un passé qui l’a profondément marquée et qu’elle révèle parfois à ses petits-enfants à l’occasion de visites choisies.
C’est lors d’une visite à une amie résidant à Morges qu’elle a rencontré celui qui l’a convaincue de rester en Suisse et qu’elle a épousé un peu plus tard. Mère de deux filles actives professionnellement, elle a été un précieux soutien pour la garde de leurs enfants, en particulier de Romain et de Grégoire. L’occasion de leur parler en allemand, de leur raconter contes et légendes, de perpétuer certaines traditions et de partager ses goûts culturels.
Malgré un intérêt prédominant pour les branches scientifiques, Romain (15 ans) a partagé goûts culturels et conversations avec sa grand-mère quand elle était chargée de le garder.
L’un et l’autre ont choisi de témoigner de leur complicité par le biais d’un portrait
Mon petit-fils Romain
Romain est l’aîné de mes petits-enfants et j’ai eu la chance de suivre son évolution dès sa naissance. Il est né le 26 février 2006 à Fribourg. Initié très tôt à la culture allemande grâce aux contes, aux chansons et aux comptines qui ont bercé son enfance, il est parfaitement bilingue et s’est ouvert très tôt à d’autres cultures. D’autant plus que nous sommes restés en contact avec ma parenté en Allemagne. La foi chrétienne lui a également appris à accepter les autres tels qu’ils sont.
Profondément marquée par l’expérience d’un passé terrible, j’ai transmis à mon petit-fils une aversion pour toute forme de délation et nous avons profité de nos voyages à Amsterdam (visite de la Maison d’Anne Frank) ou à Berlin (Musée juif, Checkpoint-Charlie et le Mur) pour réfléchir ensemble sur les horreurs de la période nazie et leurs conséquences.
Comme la famille de ma mère vivait dans l’ex-Allemagne de l’Est et que je leur rendais souvent visite, j’ai pu également parler à Romain du manque de liberté dont souffrait le peuple sous le communisme, mais aussi de la solidarité qui existait entre les gens alors. Romain en a pris clairement conscience et il a toujours fait preuve d’une grande sensibilité et d’un désir de compréhension, ce qui fait de lui un être tolérant envers les autres.
Nous partageons aussi le même respect et le même émerveillement devant la nature... Depuis son plus jeune âge, Romain a été emmené en randonnée, ce qui nous a donné l’occasion de découvrir beaucoup de choses, de les lui expliquer et d’en faire la collection. Les sacs à dos, chargés de pierres «précieuses » ramassées sur le chemin, étaient chaque fois plus lourds au retour d’une excursion qu’au départ.
Mon petit-fils a repris la tradition de la pâtisserie de Noël. Chaque année il prépare les biscuits avec son frère, non seulement pour le plaisir de les savourer, mais aussi pour les distribuer aux voisins habitant la maison.
En tant que femme, je me suis autodéterminée très tôt. J’ai d’abord dû m’affirmer face à mes trois frères aînés et je me suis aussi engagée dans diverses causes avec Amnesty International ou Terre des hommes, contre l’injustice, contre l’inégalité entre hommes et femmes et l’exploitation des ressources naturelles africaines par les grandes entreprises, etc. Romain a également un sens aigu de la justice et il prend toujours la défense de ceux qui lui sont proches.
Chez moi, j’ai un tourne-disques d’autrefois qu’il aime bien. Il en héritera, ainsi que de ma Bible et de mon livre de recettes. Surtout avec celle de son gâteau d’anniversaire préféré, la Sachertorte à trois étages décorés ! Je la lui prépare volontiers chaque année. Je suis très contente qu’il aime cuisiner et faire des gâteaux, et qu’il continue ainsi à célébrer les anniversaires selon la tradition.
Notre relation est caractérisée par le respect et l’amour mutuels. Quel grand bonheur et quel cadeau!
Ma grand-mère Sigrun
Grossmamie, c’est ainsi que je l’appelle, est née le 30 janvier 1944 sur les rives de l’Elbe, à Magdebourg. Mais elle a grandi à Duisbourg. Venue rendre visite à l’une de ses amies à Morges en 1974, elle a rencontré celui qui est devenu son mari et elle est restée en Suisse.
Elle vit actuellement à Aigle et quand j’étais enfant, elle nous gardait souvent avec mon frère. Nous ne parlions qu’en allemand avec elle, une langue que nous parlait aussi notre maman à la maison. Grâce à cela, je maîtrise bien l’allemand oralement, mais c’est à l’école que j’ai perfectionné l’écrit.
Etant née pendant la guerre, ma grand-mère est restée très marquée par les atrocités de cette époque, ce qui a fait d’elle une femme compatissante et engagée dans diverses causes humanitaires.
Quand nous étions chez elle, elle nous parlait souvent de son enfance et de l’histoire de l’Allemagne. Nous avons même visité des endroits sensibles avec elle, comme le Musée juif à Berlin ou la maison d’Anne Frank à Amsterdam. Mais l’image que j’ai de l’Allemagne est celle d’un pays plutôt fort politiquement en Europe et qui a beaucoup de similarités avec la Suisse.
Ma grand-mère nous chantait souvent des chansons que sa mère lui avait chantées et elle nous racontait des contes. Très croyante, elle nous avait aussi acheté des petits livres avec des histoires bibliques et elle nous a familiarisés avec la foi.
Ayant fréquenté l’université, elle continue de se cultiver. Passionnée d’art, elle raffole des musées et des expositions, adore écouter de la musique et aller au concert. Des intérêts qu’elle m’a un peu transmis, même si aujourd’hui j’écoute plus volontiers du rock et de la musique actuelle.
Grande voyageuse, elle part au moins deux fois par année en voyage et parfois avec ma famille. Elle aime aussi faire des balades et elle m’a souvent emmené. En dehors de la marche, ma grand-mère a toujours aimé la danse, une passion assez différente de la mienne, puisque je pratique surtout l’alpinisme et la grimpe.
Grossmamie m’a aussi fait découvrir un grand nombre de spécialités culinaires allemandes et elle nous a initiés, mon frère et moi, à la confection de biscuits. Chacun de mes anniversaires est fêté autour d’une Sachertorte qu’elle est seule à réussir aussi bien!
En conclusion, je n’oublierai jamais sa douceur et les passions qu’elle m’a transmises.
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